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Le blog qui propose une analyse approfondie sur la politique congolaise, africaine et mondiale. Ce blog s'adresse à tous ceux qui souhaitent avoir une idée précise sur ce qu'il se passe dans notre planète.

Le monde en pagaille: La 3ème guerre mondiale et le nouvel ordre mondial aujourd’hui

Publié le 7 Mai 2015 par Didier MOUEGNI IVOLO in Article

Le monde en pagaille: La 3ème guerre mondiale et le nouvel ordre mondial aujourd’hui

Par

Didier MOUEGNI IVOLO

Master’s degree en Politique Internationale

Université Fudan, Shanghai – Chine

Master2 professionnel Sciences Humaines et Sociales

Option Sciences de l’Education Université Paris Descartes

Faculté des Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne France

Introduction

Les spécialistes des questions internationales (relations internationales, politiques internationales, géopolitique, géostratégie…) ont toujours défini le système international comme un lieu où règne le CHAOS. Des fois, on utilise le terme ANARCHIE (ANARCHY en anglais) pour définir le système international.

Mais, chaos et anarchie ne doivent pas laisser penser à un système désordonné. Chaos et anarchie renvoient à l’absence de hiérarchie dans le système international dans ce sens qu’un pays aussi puissant que les USA ne peuvent dicter sa loi à un petit pays comme la Somalie. Les USA ont appris cela à leurs dépens puisque que l’opération « Restore Hope » (Restaurer l’Espoir) montée par les USA sous l’égide de l’ONU et menée entre le 3 décembre 1992 et le 4 mai 1993 tourne au fiasco. Des corps des GI sont tirés au sol par des milices somaliens dans les rues de Mogadiscio et Bill Clinton alors président des USA doit demander le rapatriement immédiat de ses soldats.

Cette absence de hiérarchie qui donne le sentiment de chaos inquiète surtout les USA qui cherchent par tous les moyens de hiérarchiser le système international avec les USA comme la seule puissance militaire, économique et pourquoi pas culturelle. Car pour les USA, le système de l’équilibre des forces comme ce que nous avons connu en Europe entre le 16ème et la première moitié du 20ème siècle est dangereux puisque cela a entrainé le monde dans deux guerres mondiales.

Mais malgré les concepts de chaos et d’anarchie qui caractérisent le système international, celui-ci a été plus stable depuis la fin de la 2ème guerre mondiale, malgré des conflits ici et là. Mais depuis la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, plus rien ne va dans le système international. Samuel Huntington avait même prédit le choc des civilisations. Mais aujourd’hui, cette théorie est encore valable ? Comment comprendre le monde aujourd’hui ? Quel est ou mieux, quels sont les pôles de pouvoir et de puissance ? Et l’Afrique Noire dans tout ça, elle fait quoi, elle espère quoi ?

1- Le système international en bref

Le système international nait dès lors que des peuples éloignés les uns des autres entrent en contact, soit par les moyens pacifiques (commerce, traités, accords, diplomatie…) soit par les moyens militaires (les guerres de conquête surtout). Ainsi, on peut donc faire remonter la naissance du système international depuis la préhistoire car celui qu’on appelle « Homme » a toujours bougé, il ne reste pas sur place, il passe d’un continent à un autre.

Dans les manuels de politique internationale, on fait remonter le système international à la Grèce antique ; les voyages d’Homère, les conquêtes grecques dans la Méditerranée.

L’empire Romain a encore agrandi le système international jusqu’en Asie. Seul Ali Sonni Ber, empereur de l’empire Songhaï a fait mieux avec ses grandes conquêtes militaires en Afrique de l’Ouest au 15ème siècle.

C’est plus précisément à partir du XVème siècle que l’on situe la naissance du système international moderne . En effet, du début du XVème siècle jusqu’au début du XVIIème siècle, certains monarques et intellectuels européens ont une soif de mieux connaitre la terre, le monde, de tracer de nouvelles cartes géographiques. La terre est-elle ronde avec un seul océan… ?

De nombreux navigateurs portugais, espagnols, français, anglais, italiens, hollandais… se lancent à la conquête des océans. En 1482, le navigateur portugais Diego Cao découvre l’embouchure du fleuve Kongo, jetant ainsi les bases des relations entre le Portugal et le royaume Kongo. Dix ans plus tard, en 1492, Christoph Colomb découvre l’Amérique. Mais il faut dire que l’Amérique a été certainement découverte par un navigateur italien, Amerigo Vespucci (9 mars 1454 – 22 février 1512) qui a affirmé pour la première fois que les terres découvertes par Colomb sont un nouveau continent et non l’Inde, connu l’a cru Colomb jusqu’à sa mort en 1506.

A cette épopée de Grandes Découvertes, on peut ajouter les voyages de Vasco de Gama (1460 à Sines au Portugal – 1524 à Cochin aux Indes, et de Fernand de Magellan (1480 – 1521). Ce dernier est connu pour avoir réalisé en 1522 la première circumnavigation de l’histoire.

Tous ces voyages, ajutés au développement de la géographie et de la cartographie ont permis de mieux connaître le monde, la terre.

Du 15ème siècle à la 2ème moitié du 20ème siècle, les puissances européennes dominent le système international. L’Europe occidentale est le centre du monde. Il faut attendre le 19ème siècle pour voir les 1ères puissances non européennes jouées leurs cartes : les USA et le Japon.

Le système internationale s’est encore élargie et s’est complexifié avec les indépendances des Etats africains. En effet, de la 2ème moitié du 19ème siècle jusqu’à la fin de la 2ème guerre mondiale, presque tous les territoires africains sont occupés par les puissances colonisatrices européennes, avec en tête la France et la Grande Bretagne qui se sont taillées de véritables empires coloniaux.

Les indépendances font entrer des nouveaux Etats dans le système international. Dans le même temps, le monde est en train de se diviser en deux blocs : OTAN (bloc capitaliste, démocratie libérale avec les USA comme leadeur) d’un côté et le pacte de Varsovie (bloc socialiste, démocratie dirigée avec l’Union Soviétique comme leadeur) de l’autre.

Malgré la domination du système international par l’URSS et les USA, aucune puissance n’arrive véritablement à dicter toute la loi dans sa zone d’influence. On se souvient des tensions entre l’URSS et la Yougoslavie du général Tito, entre l’URSS et la Chine populaire de Mao. De même que de son côté, le général De Gaule va doter la France d’une capacité nucléaire contestée par les USA. Confirmant ainsi le caractère anarchique et chaotique du système international. Car les deux grands, comme on le dira à la fin de la guerre, n’arrivent pas à contrôler totalement leurs alliés respectifs.

2- La guerre froide ou le système international figé

De la fin de la 2ème guerre mondiale jusqu’en 1990, le système international est figé. Nous avons deux grands blocs : l’OTAN et le pacte de Varsovie qui se font fasse. Les pays libérés par les Américains s’allient à l’OTAN et les pays d’Europe libérés par les Soviétiques s’allient au pacte de Varsovie.

Même s’il y a eu la crise du Canal de Suez en 1956, la guerre entre les deux Corées (1950 – 1953), la crise des missiles de Cuba en 1962, la guerre du Viêt Nam (1955-1975), le monde vit pour la 1ère fois dans la paix et la sécurité internationale. Ceci est garanti par le fait que les conflits sont réglés au siège de l’ONU par la diplomatie et non plus par les armes.

Le système international et même l’ordre mondial semblent figés. Un rideau de fer (pour reprendre l’expression de Churchill) sépare le monde en deux camps : les capitalistes et les socialistes. Les deux blocs se font face, faisant craindre la 3ème guerre mondiale. La course aux armements à laquelle se livrent les deux blocs le montre.

A côté de ces deux camps, il y un groupe de pays plutôt nouvellement indépendants d’Afrique et d’Asie (même la Yougoslavie de Tito y prend art) qui vont créer le mouvement des non-alignés. Il s’agit là des pays qui refusent de prendre part au conflit Est-Ouest et qui se défissent comme la troisième voix.

Malgré cette troisième voix, les Etats africains et asiatiques vont se définir comme socialistes ou capitalistes.

3- La faiblesse des Etats et le désordre mondial

La période de la guerre froide est surtout une période calme au niveau international. Les deux blocs acceptent de vivre l’un à côté de l’autre. Cette « coexistence pacifique » entre les deux blocs est une garantie à la sécurité internationale et surtout une bonne chose pour les affaires.

En effet, les périodes de troubles, de conflits et de guerres voient la puissance de l’Etat croitre car il est le seul à détenir un pouvoir régalien. L’Etat est le seul à avoir le monopole de la contrainte physique et surtout le monopole de la guerre. Par contre les temps de paix sont propices au business. Même si pendant la guerre on peut faire du business, il est nettement mieux que cela se fasse en temps de paix.

Le développement économique poussé à l’extrême a vu le pouvoir des entreprises croitre au dépend du pouvoir des Etats. En effet, dans les années 1980, deux leadeurs politiques vont permettre le développement du capitalisme libéral : Ronald Reagan aux USA et Margaret Thatcher en Grande Bretagne. Ces deux leadeurs politiques vont élaborer une pensée politique autour du libre-échange, de la primauté du marché et de la non-intervention de l’Etat dans le marché. Le marché pouvant s’autoréguler pour régler ses conflits éventuels.

Ainsi, les entreprises notamment les multinationales ont pris une place importante dans la politique internationale, faisant même croire ou craindre la mort de l’Etat. Surtout, avec l’éclatement du bloc socialiste, le capitalisme libéral venait de triompher du socialisme et devenait la seule théorie et pratique économique et financière valable. Tous les pays, y compris la Russie post-soviétique et la Chine se tournaient vers l’économie du marché et la finance internationale.

Il a fallu attendre deux évènements pour que l’Etat reprenne sa place dans les politiques nationales et la politique internationale. En septembre 2001, il y a eu les attaques terroristes aux USA, obligeant Georges Bush fils, alors président des USA, à intervenir en Afghanistan et plus tard en Irak. Le deuxième évènement est la crise des subprimes entre 2007 et 2011, crise liée aux emprunts toxiques notamment dans l’immobilier aux USA. Une crise des banques privées qui se sont débrouillées pour que l’Etat américain d’abord, puis les Etats européens ensuite interviennent pour sauver certaines banques en danger.

Ces deux événements ont montré les limites du marché de s’autoréguler et de régler ses propres conflits, ses propres difficultés. Mais malheureusement, les chefs d’Etat américains et ouest-européens ne se sont pas saisis de ces deux opportunités pour mettre en place des contrôles et limiter l’action des marchés pouvant mettre en péril l’économie d’un Etat.

Aujourd’hui encore, de nombreux Etats européens sont obligés de faire des politiques de rigueur pour tenter de sortir de la crise. Mais ces pays prennent très peu de mesures contre le monde financier qui continue à engranger des bénéfices alors même que l’économie réelle est en difficulté, avec la fermeture d’entreprises et l’accroissement du chômage.

La faiblesse des Etats occidentaux face au marché se voit aussi dans la gestion du système international. La crise économique et financière a poussé les USA et même la France et la Grande Bretagne à déléguer aux puissances régionales et sous régionales la gestion de certaines crises. Ce qui était inimaginable il y a encore quelques années.

Aujourd’hui en effet, les interventions militaires se font de plus en plus avec la participation des organisations internationales (ONU, UE, UA, la Ligue Arabe…). Les occidentaux ne veulent plus payer seuls la facture des interventions militaires.

Le plus remarquable est la campagne militaire contre l’Etat Islamique. Voir une coalition menée par les USA, à laquelle participent de nombreux pays arabes, bombardée les islamistes en Irak et en Syrie montre le désordre dans le système international. Il n’est plus tabou d’évoquer des alliances militaires entre les monarchies du golf arabo-persique et les puissances occidentales. On évoque de plus en plus des bases militaires françaises et américaines dans la région, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste.

On peut aussi ajouter l’exemple du Yémen où l’Arabie Saoudite a pris la tête de la coalition contre les islamistes. Là aussi, en l’absence des USA surtout, les puissances arabes ont décidé seuls d’intervenir au Yémen contre les milices houthis. Il y a aussi dans le pays et dans la région, Al Qaida qui caresse toujours l’ambition d’étendre son influence. J’ajouterai aussi le conflit Chiite-Sunnite. Autant d’éléments qui complexifient la saisie et la compréhension de la situation dans cette région et la difficulté d’ailleurs de trouver de solutions justes et durables.

En Afrique, la situation n’est guère mieux. Le Cameroun et le Tchad interviennent au Nigéria pour lutter contre Boko Haram et les pays de la CEMAC , avec en tête le Congo-Brazzaville interviennent en Centrafrique.

Pendant la guerre froide et même au-delà, toutes ces opérations étaient menées par les USA, la France ou la Grande Bretagne sans aide ni soutien d’un autre pays. Pour donner une forme légale à leurs interventions, l’ONU signait un papier sous forme de résolution.

Le désengagement de l’occident dans la résolution des conflits internationaux, peu importe les raisons, participe au désordre mondial aujourd’hui et constitue une menace, une grande menace pour la paix et la sécurité internationale.

L’Europe occidentale et ses prolongements USA, Canada, Australie sont les seuls à avoir des Etats au sens Westphalien, c’est-à-dire un Etat souverain qui est capable de gérer les conflits sociaux internes et qui a une capacité à se projeter dans les opérations extérieures. Un Etat qui transcende la personne qui l’exerce.

Les Etats africains et asiatiques (arabes compris) qui ont hérité le modèle Westphalien après les indépendances ne savent pas comment gérer ces Etats. Les leadeurs politiques de ces Etats indépendants bricolent la gestion politique et laissent les populations dans la débrouillardise. Il n’y a pas d’analyse en terme de philosophie politique dans ces pays, il n’y a pas de réflexion en termes d’économie politique. Bref, ces Etats ne sont pas pensés. Sans Etat fort, il est impossible de tenir l’ordre et la paix sociale et par extension il n’est pas possible d’obtenir la paix et la sécurité internationale.

On soigne les symptômes (guerre, famine, migration, maladie…) et non la maladie car le docteur de cette maladie s’appelle l’Etat. Et ce qui manque dans tous ces pays. Aujourd’hui, la situation internationale s’apparente à une 3ème guerre mondiale. L’humanité a cru que la 3ème guerre mondiale serait une guerre nucléaire, ou encore une guerre entre l’Occident chrétien et le monde musulman. Cela a été une grave erreur.

En fait, la guerre nucléaire n’aura pas lieu. Même des pays comme l’Iran, l’Israël ou la Corée du Nord savent que l’arme nucléaire reste d’abord et avant tout une arme de dissuasion et non une arme de guerre. L’étendue des dégâts causés par cette bombe concernerait aussi le pays utilisateur. Ainsi, l’Iran et la Corée du nord en seraient aussi victimes. C’est pourquoi je ne crois pas vraiment à cette guerre.

Par contre la 3ème guerre mondiale, nous y sommes déjà. Il s’agit d’une guerre à multiple facette, elle est diffuse, avec plusieurs théâtres de combat et mettant aux prises différents acteurs avec des différentes, des fois même sans liens les uns des autres. Une guerre qui a de mondiale que parce que la mondialisation est un fait aujourd’hui. Tout est en lien et communique avec tout. Les distances se sont raccourcies du fait des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Nous ne sommes plus dans la situation de 1914 ou de 1939 où il y avait deux camps qui s’affrontaient. La 3ème guerre mondiale est une situation globale de crises et de guerres parsemées ici et là, obligeant les pays occidentaux et les organisations internationales gouvernementales et non-gouvernementales à intervenir. Mais ces derniers semblent être à bout de soufflent et manquent de moyens financiers et militaires pour accomplir correctement cette tâche. Ainsi, les petites puissances de la sous-région sont appelées à la rescousse. Mais celles-ci sont elles-mêmes menacées par des conflits internes qui risquent aussi e les embraser.

Nous sommes véritablement dans une situation de risque d’implosion généralisée en Afrique et dans le monde arabe. En effet, toute l’Asie arabe est presque en guerre. Des monarchies comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Jordanie et le Koweït ne sont pas des havres de paix, car ces Etats abritent de véritables sources de conflits internes : chômage de masse, peu d’enfants scolarisés, illettrisme des femmes et des filles, absence de démocratie, faible niveau d’intégration sociale... A cela s’ajoutent les menaces du fondamentalisme islamiste. Les exemples de la Syrie et de l’Irak sont édifiants. On peut aussi ajouter le Yémen.

En Europe, l’Est du continent vit sous la menace de la Russie où Poutine veut rétablir les anciennes frontières de l’empire Soviétique. Deux exemples : La Géorgie perd ses territoires d’Ossétie du sud et d’Abkhazie passés sous influence Russe, ainsi que l’Ukraine qui perd la Crimée et voit des rebelles prorusses contestés le pouvoir de Kiev dans les régions proches de la frontière russe. Ces rebelles demandent même à créer des républiques indépendantes.

En Afrique, la problématique est multiple : Au Nigéria, 1ère puissance économique de l’Afrique voit ses enfants mourir dans les massacres perpétrés par la secte moyenâgeuse Boko Haram. D’autres meurent dans les navires de la mort dans la Méditerranée. Et tout ceci, sans que le gouvernement et les politiques ne puissent proposer des solutions réelles à ces problèmes dramatiques.

L’Afrique du nord et l’Afrique noire musulmane sont en proie à des conflits idéologiques liés à la religion musulmane ou plutôt à ses interprétations. Chaque groupe veut établir ce qu’il croit être le meilleur gouvernement islamique : DAECH, Al Qaida au Maghreb Islamique, le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’OUEST (Mujao)… pour ne citer que ceux-là.

L’Afrique centrale qui pouvait être un havre de paix est en proie aux guerres intestines car les pouvoirs en place ne veulent pas de la démocratie : Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa, Gabon, Angola, Guinée Equatoriale, Burundi, Rwanda (où le pouvoir se cache derrière le génocide pour refuser tout dialogue, toute opposition), les pouvoirs appauvrissent les populations… L’espérance de vie va de 43 ans en Angola à 59 ans dans les autres pays. Pas suffisant pour participer au développement du pays.

Que penser alors des morts dans la Méditerranée. Ces milliers de migrants fuyant les guerres en Syrie, en Irak, en Afghanistan… ou fuyant la misère en Afrique. Dans quel état de détresse doivent se trouver ces populations pour prendre autant de risques et faire de la Méditerranée le plus grand cimetière du monde aujourd’hui, sans que les responsables politiques des pays d’origine ne s’émeuvent.

La 3ème guerre mondiale est donc cet état de chaos généralisé pour lequel l’Occident ne veut plus seul payer la facture militaire et financière. La France a d’ailleurs fait d’énormes pressions pour que les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envoient des troupes au Mali.

4- Quel ordre mondial alors ?

Il est impossible de dire avec exactitude ce qu’est l’ordre mondial aujourd’hui et ce qu’il sera dans dix ans. Le système international est tellement désorganisé qu’il faut un nouveau paradigme pour le comprendre, le saisir et le définir. Cependant, les ingrédients sont en place pour que des petites puissances puissent jouer leur partition dans le concert des nations. Et les vainqueurs seront ceux qui sauront tirés leur épingle du jeu. Mais il faut croire qu’une fois de plus l’Afrique sera perdante. Les Africains ont une chance d’asseoir de véritables démocraties, gage de bonne gouvernance et de construction d’Etat comme élément essentiel dans la construction de la Nation. Cette analyse vaut aussi pour les pays arabo-musulmans. Sans Etat, rien n’est possible. Disais-je déjà dans un article publié en 2014.

Un nouvel ordre mondial sera celui de partage de responsabilité et de participation collective dans la paix et la sécurité internationale. S’agit-il du paradigme de l’interdépendance cher à Joseph Nye et Robert Kehoane ? Ces deux théoriciens des relations internationales parlaient déjà dans les années 1977 de la perte d’hégémonie des USA sous l’effet des échanges, du commerce, de la compétition militaire… et la conduite des affaires internationales sur la base de la coopération et de l’interdépendance.

Nous ne sommes pas encore dans l’Interdependence de Nye et Kehoane car les Etats africains et arabo-musulmans ne peuvent pas assurer seuls leur sécurité. Ils auront toujours besoin des USA et de l’Europe. Et même si Barak Obama se désengage de nombreux théâtre d’opérations, laissant la place aux forces locales (Irak et Afghanistan), ou encore laissent la France intervenir (Libye et Mali), les USA n’ont toujours pas de concurrents sur le plan militaire, sécuritaire stratégique, politique et économique.

Conclusion

Il n’est pas aisé de conclure un tel article tellement il y a des choses à dire. Au regard des arguments avancés dans cet article, nous pouvons juste dire que la 3ème guerre mondiale est là. Le monde fait fasse à de nombreux défis. Nous pouvions même ajouter les défis écologiques qui menacent des populations entières dans le monde.

Face à tous ces défis, la France peut aider, accompagner l’Afrique pour qu’elle se structure, qu’elle s’organise. Les peuples d’Afrique ont soif, soif de démocratie, soif des libertés individuelles et de la presse, soit d’une bonne santé, soit de l’éducation pour leurs enfants, soit des loisirs… Bref soit du bonheur. Nous ne partons de rien, des solutions existent mais il manque le courage politique. En effet, le siècle des lumières nous donne des bases, mais les intellectuels africains ont démissionné et ont baissé les bras. Alors qu’en Chine, le monde politique, le monde économique et le monde des affaires travaillent ensemble.

Voilà le chemin.

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